How do you relate the form and gigong in your teaching ?

Claudy Jeanmougin

20 septembre 2005

Lorsque nous soumettions la question du Qigong lors des cours de Laoshi, il avait l’habitude de répondre que c’était l’affaire des bouddhistes et que nous, taoïstes, avions le neigong ! De plus, il ajoutait que le Qigong n’apportait rien de plus à notre pratique et que par conséquent nous n’en avions pas besoin.

 

Dire que le Qigong soit une « affaire » purement bouddhiste est certainement abusif mais il est pratiquement sûr que le Qigong, terme récent, ou les Qigong tellement ils sont nombreux de nos jours, est issu de techniques aussi bien taoïstes, connues sous le nom de Daoyin Fa : technique énergétique de nutrition de l’interne, que bouddhistes en provenance du yoga. Nous pouvons dire sans trop nous égarer que les Qigong actuels sont un amalgame de techniques appartenant aussi bien au taoïsme qu’au bouddhisme.

 

Qu’en est-il alors du Taiji quan ? Nous pensons qu’il n’échappe pas à ces amalgames et qu’il n’est pas outrancier de penser qu’il a aussi pour origine le Daoyin fa. Peut-être est-ce pour cette raison que Laoshi préfère le Neigong qui utilise également l’une technique du Daoyin comme le Tuna ? Il va de soi que le Taiji quan n’a pas échappé à l’influence du bouddhisme. Taiji quan et Qigong ont des origines communes et il semble vain de vouloir imposer une préséance de l’un sur l’autre.

 

Avant de répondre à la question posée, demandons-nous ce qui différencie le Qigong du Taiji quan car, s’ils procèdent de la même manière pour des buts identiques, à quoi bon introduire le Qigong dans les cours de Taiji quan.

Pratiquant à la fois le Qigong et le Taiji quan, nous pensons que dans le fond les deux techniques ont ce point commun de réguler les énergies du corps. En ce qui concerne la forme, que dire si l’on fait abstraction de l’aspect martial encore que celui-ci soit présent dans certains Qigong ? Personnellement, nous pensons que la grande différence réside dans la focalisation du but à atteindre qui est très précis dans les Qigong alors que dans la pratique du Taiji quan il faut lui faire subir des extrapolations si l’on veut les mêmes résultats aussi rapides.

 

Expliquons-nous !

 

Certains exercices de Qigong auront pour but de tonifier l’orbe des Poumons (méridiens + organe et tout l’ensemble fonctionnel). Avons-nous cela dans notre forme de Taiji quan ? Bien évidemment, mais il n’y a pas focalisation sur un méridien spécifique. La pratique du Taiji quan agit sur une régulation globale. Si nous voulons une action plus ciblée, il nous faut utiliser certains gestes en les pratiquant d’une manière autre que celle préconisée par la forme et dans ce cas nous nous rapprochons du Qigong. Cependant, nous devons nous méfier de telles pratiques lorsqu’il s’agit d’un groupe. Comment savoir sans l’établissement d’un bilan énergétique individuel préalable si tous les membres du groupe ont besoin d’avoir une rate tonifiée par exemple ? La tonification fera du bien à ceux qui auront une rate en vide, mais risque de blesser ceux qui ont une rate en plénitude. Et c’est bien pour cela que le Taiji quan est une technique sans danger car elle fait une régulation très générale en ce sens qu’il y a ré-équilibration des énergies en douceur : ce qui doit être tonifié le sera ainsi que ce qui doit être dispersé.


Ceci étant dit, est-il nécessaire de pratiquer le qigong dans le cadre d’un cours de Taiji quan ? A priori non, le Taiji quan se suffit à lui-même. Alors, me direz-vous, pourquoi as-tu introduit le Qigong dans tes cours ?


Dans le cadre de notre enseignement et de notre profession d’acupuncteur, nous avons pu observer des dérèglements énergétiques liés aux saisons et il s’avère que la seule pratique du Taiji quan n’apporte pas les résultats souhaités. Outre des conseils diététiques, nous avons opté pour des qigong spécifiques liés aux 5 saisons. Ainsi, après un bilan énergétique (démarche indispensable pour une pratique efficace) nous conseillons le ou les qigong concernés à des périodes très précises, liées aux saisons et aux changements de saison. Ces qigong sont relativement courts et non agressifs. Aussi peuvent-ils être pratiqués en fin de cours.

L’introduction du Qigong dans nos cours, selon cette perspective, n’est pas une nuisance à la pratique du Taiji quan. Bien au contraire, cela permet de mieux comprendre certains gestes dans la pratique de la forme avec une option énergétique.

Pour l’instant, dans notre association, les cours de Qigong sont prodigués par un spécialiste de la discipline en dehors des cours de Taiji quan. Ainsi, n’y viennent que ceux qui le désirent. Mais, à plus ou moins long terme, nous introduirons les qigong à la fin du cours dans le cycle saisonnier.

Pourquoi à la fin du cours de Taiji quan ? Tout d’abord pour éviter la confusion entre les deux disciplines. Ceux qui ne voudront pas pratiquer les Qigong pourront quitter le cours sans craindre de manquer ce qui revient au Taiji quan. Ensuite, chacun sait que l’apprentissage du Taiji quan provoque quelques déséquilibres dès l’instant où toute la forme n’est pas pratiquée. Le Qigong en fin de séance participera à une ré-équilibration identique à celle du Bao hu gui shan avec en plus, une harmonisation saisonnière.